Entamé comme recherche formelle par le geste, le projet Twisted Ceramics est né d’une technique aussi ancestrale qu’universelle - le tournage - pour évoluer par d’autres moyens vers un questionnement plus profond quant à la nature du volume, de la surface, de la ligne. Le dialogue avec l’espace s’est avéré décisif car il a permis un aller-retour visuel et mental entre ce que nous appelons communément la 2e et la 3e dimension. Ensuite, la recherche de la rythmicité dans un espace virtuel ainsi que la capture du mouvement dans l’espace-temps par des moyens si éloignés (emploi de l’argile, usage des nouveaux médias) sont devenus des défis pour l’artiste Ana Maria Asan qui cherche constamment à trouver d’autres territoires pour la création céramique.
Avant de s’adresser à de nouveaux lieux, le projet s’est développé en rapport avec l’architecture et l’espace intérieur du Double Hôtel De Bodt conçu par Henry Van de Velde en 1929-1930, à la même période que la Maison Wolfers à Ixelles et la Nouvelle Maison à Tervuren : des escaliers et des passages, chaque fois différents, relient les deux villas de l’avenue Franklin Roosevelt à Bruxelles, actuellement affectées en salles de classe, ateliers et bureaux. Des volumes géométriques élémentaires, mais en absence d’angles droits tranchants. Une asymétrie subtile, imperceptible au regard hâtif. C’est en rapport avec ces caractéristiques que l’artiste a conçu ses installations céramiques, l’intérêt pour les lieux de passage - corridors, escaliers, fenêtres - étant évident.
Les anneaux, les bandes de grès proviennent de gestes précis : la lame tranchante coupe ce que le corps a fastidieusement érigé comme géométrie dans le temps. Une fois détaché, l’anneau devient indépendant et « se met à bouger », il s’ouvre parfois, se tord, se retourne, s’anime virtuellement. Les notions d’intérieur et d’extérieur cessent de s’affirmer pleinement laissant la place à des surfaces continues ou à des volumes imaginaires en mouvement. L’artiste s’éloigne au fur et à mesure de la technique de tournage pour créer ses bandes de terres autrement, en quelque sorte comme des « ready made ». Plus besoin de construire / déconstruire. Seule reste cette liberté d'occuper l'espace qu’Ana Maria Asan fait entièrement sien.